Au temps sublime ¤ Louise-Amada D.

L’objet forant mes moiteurs par degrés, s’entiche d’une lumière totale. Je heurte une liberté troublante, jamais touchée auparavant. Je ne peux tomber, puisque là-haut dans le plaisir, je porte rageusement le soleil.

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Une chambre que j’imagine presque vide (un matelas pneumatique sur une catalogne, quelques livres, l‘objet, une fenêtre) il y a cette femme qui bouleverse son corps, son cœur et son esprit dans des orgasmes déchirants, poignants, alarmants, puissants. Les murs de la pièce qui répercutent la présence des voisins, trop proches. Deux actes: Oublier H. et Journal de mes orgasmes. Redessiner la vie dans les draps de la solitude pour guérir la rupture amoureuse qui nous (dé)fait.

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Partout le feu ¤ Hélène Laurain

ouvrez la bouche 

élevez vos voix

révoltez-vous

Il y a des livres qui nous implorent de leur donner de la voix, de les faire frémir du fond de la gorge, de jouer des cordes vocales, porter leurs mots, leurs inflexions et leur rythme. Partout le feu est de ceux-là. J’écris aujourd’hui mais cela fait quelques semaines que j’en ai terminé la lecture et les bouillonnements ne cessent pas. Comme je le fais de plus en plus j’ai lu des passages entiers à voix hautes, mes yeux dégringolant sur l’absence de ponctuation, pour finalement s’élancer sur le texte: lecture-cavalcade. Un grand cri. Retour dans une Lorraine que je connais en fait si peu, d’où je viens pourtant, où Laetitia (qu’on serait tenté de définir comme éco-terroriste, éco-angoissée mais qui est en fait une femme dans un monde-crevasse) tente de faire ricocher les échos d’urgence au sein d’un groupe de militants luttant contre l’enfouissement de déchets radioactifs.  

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Il y a dans ce texte-cri, texte-cascade quelque chose qui prolifère et qui me met, lectrice, en face des choses, des réalités. Je ne peux y échapper, lire Hélène Laurain c’est affronter nos contradictions, nos lâchetés, nos bravoures éphémères, nos espoirs et nos afflictions. Sur la peau de la narratrice, un eczéma auquel je prête volontiers différentes symboliques et interprétations. L’inaction et l’impuissance en prolifération, l’agitation intérieure persistante, l’écorce de résignation que l’on fait pousser autour de soi, les œillères que l’on se prête volontiers de main en main.  Comment danser sur un sol sous lequel dorment les disparitions et les déchets nucléaires ? 

 

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demain, demain

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Aujourd’hui je n’ai pas écrit. Je n’ai pas su écouter mes personnages qui ont pourtant tant de choses à raconter. Ne pas lutter. Écrire c’est aussi ne pas écrire. Se détourner. Dans une rue de la petite ville d’en bas, une dame au collier de perles bleues me récite deux strophes du poème ‘Élévation’ de Baudelaire. Son prénom vient du pays d’où viennent les loups et la chaleur nous prend à la gorge. La poésie dans nos bouches, plus forte que la canicule. Plus loin, une jeune femme tord le cou des carottes sur la place du marché. Je la regarde, elle est belle avec ses yeux qui veulent tout dire. Un hêtre dans un jardin fermé, cœur en cage gigantesque. Je me tiens droite devant le portail vert d’eau aux griffes aiguisées. Hêtre tend ses bras vers le trottoir pour que les chats viennent siester dans son cou. Moi aussi m’y lover.

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