Les filles bleues de l’été ¤ Mikella Nicol

Je m’appelle Clara et je veux qu’on entende dans mon prénom les éclats de cet été, tombés sur le sol gelé. Que mon nom sonne comme un brise-glace dans la stérilité de l’hiver qui s’en vient. […]

Je m’appelle Chloé et j’aimerais que mon nom, prononcé à voix haute, rouvre les cicatrices. Qu’il rappelle l’haleine de la saison perdue. 

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J’aime les romans courts, j’aime les écritures qui ne se laissent pas faire. Que dire du premier roman de Mikella Nicol sinon qu’il est magnifique et terrible et qu’on y plonge, tête la première ? Il donne parfois la chair de poule, comme l’eau du lac lorsque septembre laisse sur la peau un avant-goût de nostalgie. 

On entre dans Les filles bleues de l’été et on y trouve les agitations de la vingtaine, celles profondes, qui tailladent ou brûlent et que les autres ne voient pas. L’autrice dit ces douleurs que l’on panse tant bien que mal dans l’intimité si forte de l’amitié fusionnelle. Un été, les siestes dans les draps blancs, l’odeur du café et l’épiderme de la vase au fond du lac, les larmes et les longues marches dans le bois, le chant des huards et le tabac à rouler qui tombe sur la cuisse, le mal-être qui troue le ventre et les hommes qui arrachent le cœur. 

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