Ce qu’on trouve dans les livres #1

À toi, qui as tenu ce livre avant moi

IMG_20210901_193020_543C’est drôle cette illumination qui te transperce à la manière des fous de Bassan qui claquent la surface de la mer
Le symbole de l’oiseau
ça oui tu as compris
au stylo bic noir sur la dernière page blanche
quoique
un peu brune si je peux me permettre
sur une page tu as souligné cinq fois le mot
sable

Au stylo plume soudain
DAVID

Lire la suite

Sundogs ¤ Lee Maracle

« The mountain of my missing knowledge was built by her refusal to integrate me into the family and include me in its lineage  »

505646L’année 1990 est une année particulière au Canada pour les Premières Nations entre la solide opposition à l’Accord du Lac Meech de Elijah Harper, membre autochtone de l’Assemblée législative du Manitoba et la Crise d’Oka au Québec où un projet immobilier d’agrandissement de terrain de golfe sur des terres revendiquées par les Mohawks de Kanehsatà:ke fait éclater les tensions. En mars 1990 une barricade Mohawk est érigée afin d’empêcher le projet de développement. Après des interventions de la Sûreté du Québec, des fusillades, un mort, des émeutes sur le territoire Kanawake qui soutient Kanehsatà:ke, l’armée canadienne intervient en août et les barricades sont démantelées en septembre. La crise d’Oka, plus couramment appelée la Résistance de Kanehsatà:ke a fait jaillir un mouvement national conséquent de soutien des communautés et nations autochtones.

Sundogs se déroule lors de cette année particulière. Marianne est une jeune étudiante autochtone de vingt ans, vivant avec sa mère à Vancouver dans une maison peuplée de sœurs, de frères, de tantes et d’oncles, de cousins, d’adultes, d’adolescents et d’enfants. Ce récit sans chapitres offre un accès direct aux pensées et questionnements de Marianne, entrecoupés d’interactions avec sa famille. Surnommée « Baby », Marianne est la seule d’une fratrie de cinq à ne parler que l’anglais. Sa mère, qui ne lui a jamais appris leur langue, est le pilier d’une famille nombreuse qui tente de joindre les deux bouts, touchée par des violences conjugales et le racisme endémique. Marianne se sent fondamentalement différente et éloignée de cette matriarche qui hurle face au poste de télévision. Hors du cocon familial auquel elle se sent parfois ne pas appartenir, Marianne reçoit des salves de pierres ou d’insultes, ou devient carrément invisible dans les rues de Vancouver. Être trop «Indienne» ou pas assez. 

Lire la suite

Le papier peint jaune ¤ Charlotte Perkins Gilman

Née en 1860 dans le Connecticut, Charlotte Perkins Gilman était une nouvelliste, romancière, poète, essayiste, sociologue, éditrice et féministe américaine. Le papier peint jaune, également traduit en français par La séquestrée, est sa nouvelle la plus célèbre. Alors qu’elle souffrait de dépression, l’autrice a eu affaire à un médecin renommé, Silas Weir Mitchell, qui prescrivait aux femmes souffrant de dépression nerveuse des cures de repos strictes : enfermement, réclusion, absence totale d’activité intellectuelle. Un disciple de ce médecin aurait d’ailleurs prescrit cette même « cure de repos » à Virginia Woolf.

IMG20230209144448

Dans cette nouvelle, la narratrice, qui vient d’accoucher, s’installe dans une résidence pour l’été avec son mari, sa belle-sœur et la bonne d’enfant. Afin de soigner un état dépressif (post-partum), le mari, un médecin, la confine dans une chambre au papier peint jaune à demi arraché. La chambre, présentée comme une ancienne nurserie, devient cellule. Il est d’ailleurs dit, dès la deuxième page, que des barreaux sont posés aux fenêtres. Lors de ses longues heures de solitude forcée, la narratrice scrute les motifs sur le mur qui commencent à se mouvoir. Elle y décèle des formes, des champignons, et puis une femme, séquestrée sous les arabesques jaunes.

 

 

Lire la suite