l’autre moitié du monde ¤ Laurine Roux

« la lune coule en filet d’huile, tout sonne si étrangement »

Dos courbé au-dessus des rizières du Delta de l’Ebre, les doigts bosselés dans les fleurs des jardins ou dégoulinant de sang en découpant la viande pour la châtelaine : les paysans d’une Catalogne des années 1930 font vibrer la terre à bras-le-corps. L’Ebre, longue veine de plus de 900 kilomètres, charrie jusqu’au delta les battements d’une insurrection et d’une guerre civile qui se préparent. Chez les métayers des Ibañez, guidés par un instituteur, un avocat et une soif de justice, ces battements se cognent au dédain du Château et de l’Eglise. Des voix s’élèvent, celles de Horacio, Pilar, José, Juan, Pedro et il y a Toya, la pequeña salvage, la petite sauvage, qui comme beaucoup ne sait ni lire ni écrire, mais qui connaît le domaine comme sa poche et observe, écoute les conversations des adultes, bouleversée par un morceau de piano et liée aux oiseaux du delta, à ses fantômes aussi. Elle parle peu, la pequeña, mais elle semble absorber goulument la nature dans laquelle se trame une révolte. ¡Tierra y libertad ! 

La vallée des fleurs ¤ Niviaq Korneliussen

Homo Sapienne, le premier livre de cette autrice Inuite du Groenland, un roman choral brut de décoffrage sur la jeunesse de Nuuk m’avait vraiment marquée il y a 3 ans. J’étais très impatiente de retrouver Niviaq Korneliussen (traduction en français par Inès Jorgensen) mais je n’imaginais pas qu’elle allait (encore) me bousculer comme ça.

¤ TW: suicide ¤

« Ce qui peut m’arriver de mieux est déjà arrivé »

Le chant de Salomon ¤ Toni Morrison

J’ai découvert Toni Morrison avec son roman Home, puis j’ai étudié en cours son tout premier roman L’œil le plus bleu, découvert Un don, eu un coup de foudre pour Sula, et l’été dernier j’ai osé lire son roman le plus célèbre Beloved, non sans appréhension. Je n’ai, d’ailleurs, jamais écrit de billet sur ce dernier, que j’ai pourtant adoré! Aujourd’hui je voudrais vous parler de ma dernière lecture de Toni Morrison: Le chant de Salomon. Quand j’ai refermé ce roman, je me suis fait cette réflexion très paradoxale: « ce n’est pas mon Morrison préféré, mais c’est sûrement celui qui me marquera le plus« .