Je continue l’exploration de la littérature Aborigène et insulaire du détroit de Torres avec ce roman imposant, impressionnant et d’une grande richesse littéraire, que j’ai lu le plus lentement possible. C’est un livre qui invite à une lecture attentive, mais qui nous oblige aussi à accepter de ne pas tout saisir. J’étais très très curieuse de m’embarquer dans cette lecture puisqu’il est le premier roman d’une autrice Aborigène à être au programme du concours de l’agrégation d’anglais en France (2022/2023). Une plongée totale dans un pays « où les légendes et les fantômes vivent partout côte à côte, jusque dans l’air ».
« Le serpent ancestral, créature plus gigantesque que les nuages d’orage, est descendu des étoiles, lourd de sa propre énormité créatrice. Il se déplaçait avec grâce – du moins si on le considérait avec l’œil d’un oiseau planant très haut dans le ciel. D’un oiseau qui aurait regardé le corps mouillé du reptile luire sous les rayons d’un soleil ancien, bien avant que l’homme ne fut une créature en mesure d’envisager le moment suivant. Descendu il y a des milliards d’années, le serpent a rampé sur son ventre pesant, et il a circulé dans tous les sols argileux et humides du golfe de Carpentarie.»