Carpentarie ¤ Alexis Wright

Je continue l’exploration de la littérature Aborigène et insulaire du détroit de Torres avec ce roman imposant, impressionnant et d’une grande richesse littéraire, que j’ai lu le plus lentement possible. C’est un livre qui invite à une lecture attentive, mais qui nous oblige aussi à accepter de ne pas tout saisir. J’étais très très curieuse de m’embarquer dans cette lecture puisqu’il est le premier roman d’une autrice Aborigène à être au programme du concours de l’agrégation d’anglais en France (2022/2023). Une plongée totale dans un pays « où les légendes et les fantômes vivent partout côte à côte, jusque dans l’air ».

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« Le serpent ancestral, créature plus gigantesque que les nuages d’orage, est descendu des étoiles, lourd de sa propre énormité créatrice. Il se déplaçait avec grâce – du moins si on le considérait avec l’œil d’un oiseau planant très haut dans le ciel. D’un oiseau qui aurait regardé le corps mouillé du reptile luire sous les rayons d’un soleil ancien, bien avant que l’homme ne fut une créature en mesure d’envisager le moment suivant. Descendu il y a des milliards d’années, le serpent a rampé sur son ventre pesant, et il a circulé dans tous les sols argileux et humides du golfe de Carpentarie

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La récolte ¤ Tara June Winch

Me revoilà après un break estival pendant lequel j’ai vécu le luxe de lire lentement, de savourer et, surtout, de découvrir une littérature inconnue : la littérature Aborigène. Le premier est un roman de l’autrice Tara June Winch, originaire de la nation Wiradjuri, dont je parle aujourd’hui. J’ai enchaîné avec un très long roman, très dense, riche et donc exigeant et extrêmement intéressant : Carpentarie de l’autrice Alexis Wright d’origine wanyi (roman au programme de l’agrégation d’anglais 2022 et 2023). J’en parlerai bien vite ! J’ai ensuite terminé ma virée livresque en Australie Aborigène avec l’essai Dark Emu: Black Seeds, Agriculture or Accident de Bruce Pascoe. Un livre passionnant sur l’usage de la terre (agriculture, aquaculture, artisanat, architecture) des peuples Aborigènes avant l’arrivée des colons européens, qui déboulonne le mythe de la terre vierge et l’image des Aborigènes chasseurs-cueilleurs survivant dans un bush hostile. J’ai a-do-ré cet essai qui témoigne de la création d’une mythologie coloniale et dans lequel j’ai appris tant de choses fascinantes sur différents peuples Aborigènes et les Indigènes du détroit de Torrès. J’en parlerai aussi sous peu. Mais pour aujourd’hui, je démarre avec La récolte, car c’est avec lui que j’ai fait mon entrée dans la littérature Aborigène.

Je suis né au Ngurambang – vous entendez ça ? – Ngu-ram-bang. Si vous le prononcez comme il faut, ça cogne contre le fond de votre bouche et vos mots doivent avoir le goût du sang. Tout le monde devrait apprendre le mot « pays » dans la langue ancienne, la première langue – parce que c’est le chemin qui mène à toutes les époques, aux voyages dans le temps ! Celui qui permet de retourner tout au début.

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