Partout le feu ¤ Hélène Laurain

ouvrez la bouche 

élevez vos voix

révoltez-vous

Il y a des livres qui nous implorent de leur donner de la voix, de les faire frémir du fond de la gorge, de jouer des cordes vocales, porter leurs mots, leurs inflexions et leur rythme. Partout le feu est de ceux-là. J’écris aujourd’hui mais cela fait quelques semaines que j’en ai terminé la lecture et les bouillonnements ne cessent pas. Comme je le fais de plus en plus j’ai lu des passages entiers à voix hautes, mes yeux dégringolant sur l’absence de ponctuation, pour finalement s’élancer sur le texte: lecture-cavalcade. Un grand cri. Retour dans une Lorraine que je connais en fait si peu, d’où je viens pourtant, où Laetitia (qu’on serait tenté de définir comme éco-terroriste, éco-angoissée mais qui est en fait une femme dans un monde-crevasse) tente de faire ricocher les échos d’urgence au sein d’un groupe de militants luttant contre l’enfouissement de déchets radioactifs.  

partout-feu-L-W2Bpqf

Il y a dans ce texte-cri, texte-cascade quelque chose qui prolifère et qui me met, lectrice, en face des choses, des réalités. Je ne peux y échapper, lire Hélène Laurain c’est affronter nos contradictions, nos lâchetés, nos bravoures éphémères, nos espoirs et nos afflictions. Sur la peau de la narratrice, un eczéma auquel je prête volontiers différentes symboliques et interprétations. L’inaction et l’impuissance en prolifération, l’agitation intérieure persistante, l’écorce de résignation que l’on fait pousser autour de soi, les œillères que l’on se prête volontiers de main en main.  Comment danser sur un sol sous lequel dorment les disparitions et les déchets nucléaires ? 

 

Lire la suite