En 2021, après avoir passé plusieurs jours auprès de coucou gris dans le Var, et n’arrivant pas à faire sens de leurs chants que nous entendions chaque jour, je m’empresse de commander Habiter en oiseau de Vinciane Despret. Début 2022 je m’y attaque enfin. Au bout d’une dizaine de pages, force est de constater que je ne comprends… pas grand chose. Le texte fait brume, trop philosophique, trop poussé pour une néophyte peut-être ? J’abandonne.
Un an plus tard, après avoir croisé le nom de Vinciane Despret dans les livres de Baptiste Morizot et les traductions d’écrits de Donna Haraway, je finis par revenir à Habiter en oiseaux et là : magie du cerveau, du temps, on ne saura donc jamais, mais j’avale le livre en trois jours, corne ses pages (sorry, not sorry) et barbouille les marges de marques au crayon à papier.
Tant de choses sont dites dans cet essai. L’autrice rassemble une multitude de papiers, de théories, d’hypothèses, d’essais et de récits de terrains d’ornithologues et se lance dans une sorte d’enquête philosophique à travers l’histoire de l’ornithologie. Le coeur de l’enquête ? La question du territoire chez les oiseaux et du lien territoire-chant. Il lui faut donc aller chercher du côté des bio-acousticiens mais aussi des philosophes (vous reprendrez bien une petite dose de territorialisation/déterritorialisation by Deleuze & Guattari ?)
Est-ce que l’oiseau a uniquement besoin d’un milieu à soi pour se reproduire ou pour se nourrir ? Comment les chants d’oiseaux dessinent des frontières, des cartes invisibles, des relations géopolitiques inter-espèces ?